JAM (Michel Boisvert) artiste chercheur en arts visuels au Québec.

Démarche artistique 2024

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Je me surprends à me regarder dix ans plus tôt dans une œuvre que j’ai créée et je me dis, c’est époustouflant le génie de ce créateur. Tout en regardant cette chose sortie de nul part s’étalant parmi un amoncèlement de pacotilles d’objets d’art de mes contemporains, je me demande qui j’étais à ce moment spécifique?
Comment est-ce possible que je ne reconnaisse pas cet individu qui fut moi pendant ce court moment dans lequel j’ai pondu cette chose qui m’émerveille dix ans plus tard?
Qui suis-je, moi qui est toujours émerveillé par la beauté du monde sans être capable de la reproduire, me contentant de la créé en passant par un subconscient de mon être?
Serais-je une chose en dehors de moi-même?
Il y a dans cette observation un questionnement de ce que nous sommes tous. Nous existons selon des codes qui nous empêchent de voir en dedans de nous mais que la création artistique nous révèle sans être vraiment conscient que nous appartenons tous à une forme spectaculaire cachée en dedans de nous qui ne peut pas apparaître autrement qu’à travers un geste de création?
Autant je suis émerveillé par l’observation de la lumière du soleil couchant un après-midi de janvier qui se reflète sur la nature environnante créant un paysage enchanté d’ombre et de lumière dévoilant ici et là un décors fabuleux contenu uniquement dans un rêve, autant le fait de regarder une œuvre que j’ai produite une décade plus tôt me surprend par sa beauté qui me fut cachée lors de sa création.
Qui sommes nous les artistes du geste non calculé? Des chercheurs de beauté, incapable d’en saisir la réalité lors de sa composition autrement qu’à travers des codes d’esthétisme gavé en nous par des autorités de marchands abusés par le profit à faire détournant l’art de son précepte original.

Chaque geste que l’artiste pose doit être la révélation d’une vérité ressentie sur le moment qui doit être une œuvre d’art exceptionnelle de la part de l’artiste. Lorsque l’artiste se contente de répondre à des attentes des autres pour obtenir pour soi une récompense du moment, il détruit l’unique moment d’une création possible. Il devient un outil technique pour ceux qui cherchent en art un moyen cupide qui va leur rapporter sur le moment une quelconque satisfaction économique.